Insomnie et improductivité : les mauvais dormeurs travaillent moins bien

Insomnie et improductivité : les mauvais dormeurs travaillent moins bien

  • Gestion du temps

La qualité du repos est aussi cruciale pour la santé que pour les performances au travail. Malheureusement, la société manque cruellement de sommeil.

Sommeil insuffisant et de mauvaise qualité

Les Français dorment peu et mal. Selon des données récentes, 13,1 % des adultes de 18 à 75 ans souffrent d’insomnie chronique (soit 8,8 millions de personnes). Certains peinent à s’endormir et se retournent pendant des heures dans leur lit. D’autres s’endorment sur le canapé devant la télévision, et d’autres encore se réveillent plusieurs fois pendant la nuit.

Dans les cabinets médicaux, plus de 60 % des patients se plaignent d’une forme de trouble du sommeil. De plus, près de la moitié des insomniaques chroniques doivent recourir à un traitement médicamenteux.

Arianna Huffington, fondatrice du Huffington Post, considère même le manque de sommeil comme l’un des principaux maux de notre époque. Dans son livre The Sleep Revolution, elle met effectivement en garde contre les dangers d’un sommeil trop court. Selon elle, notre mode de vie actuel impose des nécessités qui nous privent de précieuses heures de sommeil chaque nuit. Ainsi, on estime qu’en 1942, le pourcentage de la population dormant moins de 6 heures par nuit était d’environ 11 %. Aujourd’hui, il dépasse les 40 %…

Mais quels sont les effets d’un manque chronique de sommeil ?

Les effets du manque de repos

Matthew Carter, professeur de biologie, a animé la conférence TED intitulée The Science of Sleep and the Art of Productivity (La science du sommeil – et l’art de la productivité). Il y compare le manque de sommeil à des habitudes nocives comme le tabagisme ou la malbouffe. Les impacts négatifs sur la santé sont en effet comparables.

Le sommeil est essentiel à la production de somatotropine (l’hormone de croissance). Et elle-même s’avère indispensable pour favoriser le développement musculaire et le métabolisme des graisses. Le système immunitaire est également plus efficace pendant le sommeil. Pour ces raisons, un mauvais sommeil augmente alors le risque de maladies telles que l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les infections. Sans oublier les troubles psychologiques comme l’anxiété et la dépression.

En outre, les personnes qui dorment mal ont aussi plus de difficultés à se concentrer. Et leurs performances professionnelles chutent de manière drastique. Une étude de la Rand Corporation a d’ailleurs quantifié l’impact économique du manque de sommeil sur la productivité. Plus de 400 milliards de dollars par an rien qu’aux États-Unis.

Pourquoi dormons-nous trop peu ?

Qu’est-ce qu’un manque de sommeil ? Et combien d’heures de sommeil sont réellement nécessaires ? Ça dépend.
Selon les experts, la quantité optimale de sommeil est différente pour chacun. Mais un adulte en bonne santé a généralement besoin de 6 à 8 heures. La meilleure façon de savoir si vous dormez moins que vous le devriez est d’écouter votre corps. Ainsi, si vous avez souvent sommeil pendant la journée, c’est probablement le signe d’un manque de repos.

D’après les recherches menées par Carter auprès d’étudiants et de travailleurs, trois raisons principales expliquent ce déficit de sommeil :

  1. Tout d’abord, nos journées se composent d’engagements que nous devons remplir à tout prix. Paradoxalement, les personnes qui dorment moins de 6 heures par nuit le font souvent parce qu’elles veulent être plus productives.
  2. La deuxième cause d’insomnie relève des soucis de la vie quotidienne, qui génèrent du stress et compliquent l’endormissement. Nous finissons donc par passer des heures à nous retourner dans notre lit. Nous ruminons en pensant peut-être à ce que nous réserve le lendemain.
  3. Enfin, Carter a constaté que beaucoup d’entre nous peinent à mettre de côté les distractions au moment de dormir. Les principaux responsables : les smartphones et les tablettes. En conséquence, nous nous couchons trop tard et dormons moins que nécessaire.

Dormir comme un bébé ?

Enfin, les études sur le sommeil révèlent que les enfants sont le segment de la population ayant la meilleure qualité de sommeil. Malgré le fait que, comme tous les parents le savent, les tout-petits sont généralement difficiles à mettre au lit… Pour aider les enfants à s’endormir, les pédiatres recommandent diverses astuces. Tamiser les lumières, éteindre la télévision et lire des histoires pour s’endormir ou encore instaurer de petits rituels (comme mettre un pyjama et se brosser les dents).

Toujours selon Matthew Carter, le fait d’accorder une attention particulière au sommeil des enfants les aide à mieux dormir. Mais les mêmes recommandations s’appliquent aux adultes ! En d’autres termes, même adulte, nous devons apprendre à aller au lit avec de bonnes habitudes et de petits rituels.

De simples gestes s’inscrivant dans une routine du soir peuvent alors avoir des effets significatifs sur la qualité du sommeil. Ils facilitent à la fois l’endormissement et un sommeil non perturbé tout au long de la nuit.